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Par HUGUES BALLOIS 
Tourcoing : une résidence d’artistes éphémère 

Aujourd’hui, de 14 h à 21h, une quarantaine d’artistes exposent leurs univers dans l’ancienne usine de matelas L’Albatros, rue de Roncq.

Tous les étages sont occupés. Dans les anciens bureaux, des tableaux, des sculptures, de la musique, du graf… Au rez-de-chaussée, des toiles immenses, des fringues détournées et uniques, une dégustation de vin aussi. Déserté depuis quelques années, le lieu a repris vie depuis hier. Et aujourd’hui encore, une quarantaine d’artistes exposent leurs univers dans cette ancienne usine où l’on fabriquait dernièrement des matelas. Bien après le tissage de tapis Sion de la famille Moulin & Verrier au début du XXe siècle.

L’Albatros, rue de Roncq, renaît le temps d’un week-end avant de se transformer d’ici 2014 en logements, appartements, loft et commerces. Le public peut alors déambuler dans les couloirs au vieux parquet chevrons, retrouver les traces d’un passé parfois oublié, tout en profitant des talents des jeunes artistes, confirmés ou amateur. Avec des performances en direct, grafs sur les murs de l’usine, mix avec plusieurs Djs…

Associer les habitants de Belencontre

C’est Saint-Roch Habitat qui réhabilitera le site, et qui a initié cette manifestation, plutôt atypique dans le milieu immobilier. « Une ouverture vers la culture », souligne simplement le gérant, Jean-Pierre Blanchard. Avec ses trois associés, ils n’en sont pas à leur coup d’essai. Le promoteur a l’habitude d’investir dans d’anciennes usines et d’y associer des artistes de la région et les habitants. Comme à Roubaix Aux 3 Censes, ancien lieu de stockage des Trois Suisses ou encore avec la réhabilitation d’une tour de séchage à Roncq. « Ils sont amoureux de la pierre, au sens large du terme », appuie Juliette Hurez de l’agence Scherzo. Et respectueux du patrimoine local et de son histoire. Un appel à la mémoire a d’ailleurs été lancé auprès des habitants du quartier Belencontre, les étudiants de l’École supérieure d’arts de Tourcoing ont réalisé des fresques sur la façade. « Les artistes qui sont là doivent réaliser une œuvre en rapport avec l’entreprise, son histoire, celle du quartier…, précise Marine de Saint Roch Habitat. Celles qui seront retenues seront exposées dans les parties communes. »

Et l’initiative a surtout eu un impact plus que positif sur les artistes. Pas un seul ne regrette d’avoir investi « un lieu chargé d’histoire ». « On a tous craqué. C’est super de pouvoir avoir à disposition de grandes surfaces et dans une ancienne usine, font-ils remarquer unanimement. On n’a pas souvent l’occasion d’exposer dans ce type de lieu. » Loin des considérations financières du promoteur immobilier. Qui n’y voit là qu’un moyen, jure-t-il, de faire revivre un lieu en l’état avant de lui donner une seconde vie.